Comment les humains se définissent ?
- Aurélie Castillo-Pereira
- 26 janv.
- 4 min de lecture
Sur quel genre d’informations les individus se basent pour se définir à eux-mêmes et aux autres ? Vont-il s’appuyer sur leurs comportements passés, la connaissance de leurs états internes, sur ce qu’ils pensent de ce que leurs proches pensent d’elles/eux ?
Quand nous tentons de nous définir ou de nous décrire, un grand nombre de pensées, souvenirs et sentiments spécifiques peuvent nous venir à l’esprit :
c’est le " soi "qui s’active
Même s’il n’est pas facile de se connaître, la recherche contemporaine sur le soi montre que depuis notre naissance, nous n’avons cessé d’accumuler une grande quantité d’informations sur nous-mêmes.
Ces connaissances subissent une organisation cognitive afin de nous donner une vision plus ou moins cohérente de nous.
Le Soi se définit comme l’ensemble des connaissances, des croyances et représentations que nous avons de nous-mêmes, stockées dans notre mémoire auto-biographique, aboutissant à une organisation de perceptions de soi, faisant du soi une véritable structure cognitive.
Ces données accumulées sur nous-mêmes proviennent de plusieurs sources :
1. nos expériences de vie et de leur élaboration mentale
2. des processus de comparaison sociale
3. des normes sociales, la culture et les attentes sociales
4 . nos groupes sociaux et les attentes implicites ou explicites des personnes signifiantes pour nous
Le sentiment de soi obéit à deux besoins :
Le besoin d’unicité, correspondant à la nécessité de nous percevoir comme des êtres singuliers, uniques.
Le besoin de similarité qui met en évidence notre besoin de nous inscrire dans des liens sociaux et d’appartenance.
Ainsi, le soi résulte d’une interaction entre une identité sociale (besoin de la reconnaissance d’une appartenance), tout en cherchant une place spécifique dans ce même espace collectif et d’une identité personnelle (se différencier, se singulariser).
Ces données posent ainsi la question de la façon dont le sentiment de soi est altéré chez personnes dont le sentiment d’appartenance est mis à mal (personnes minorisées, stigmatisées, en situation de rupture familiale...)
Les différentes composantes du Soi
Le soi n’est pas constitué que d’une composante cognitive.
Il est aussi composé :
D’une composante affective : l’estime de soi
Elle concerne la façon dont les individus s’évaluent, s’accordent de la valeur, dont ils améliorent leur image de soi ou encore dont ils se défendant face aux menaces de leur estime de soi.
D’une composante comportementale : la présentation de soi
Elle renvoie à la façon dont nous nous présentons à autrui, dont nous régulons nos actions en fonction des situations interpersonnelles.
Le Soi est donc composé à la fois d’une composante cognitive (concept de soi), affective (estime de soi) et comportementale (présentation de soi)
La malléabilité du soi
Les représentations et significations que nous avons de nous-mêmes sont à la fois stables mais aussi influencées par le contexte dans lequel le jugement de soi prend place.
Cette nature malléable/flexible a amené la recherche à la définir comme le “concept de soi de travail” (par analogie avec la mémoire de travail qui permet de stocker et manipuler des informations pendant une courte durée en vue de les utiliser pour accomplir une tâche, tel un serveur de restaurant qui va retenir dans un temps court une commande).
De manière métaphorique, on pourrait imaginer le concept de soi de travail comme un spot de lumière qui balaie l’ensemble de la structure du concept de soi, éclairant tout à tour différentes parties en fonction d’une situation donnée.
La composante affective du soi : l’estime de soi
L’estime de soi renvoie à l’acceptation générale de la personne, au degré avec lequel une personne pense avoir de la valeur.
L’estime de soi Personnelle vs Collective
Un individu peut s’évaluer en prenant en compte seulement ses attributs personnels mais il peut aussi le faire en prenant en compte les attributs des groupes auxquels il appartient.
Estime de soi Etat vs Dispositionnelle
L’estime de soi est-elle une variable stable (dispositionnelle) ou variable selon le contexte (état) ?
Les avis scientifiques divergent. Certains pensent que l’estime de soi peut subir des variations en fonction de la situation : ainsi, quand les choses vont mal, notre estime peut baisser, et quand les choses vont bien, elle peut remonter. Pour d’autres, elle serait, au contraire, stable.
Estime de soi Globale vs estime de soi Multidimensionnelle
L’estime de soi est-elle une variable stable (dispositionnelle) ou variable selon le contexte (état) ?
Les avis scientifiques divergent. Certain(e)s pensent que l’estime de soi peut subir des variations en fonction de la situation : ainsi, quand les choses vont mal, notre estime peut baisser, et quand les choses vont bien, elle peut remonter. Pour d’autres, elle serait, au contraire, stable.
Estime de soi Globale vs estime de soi Multidimensionnelle
les travaux sur l’estime de soi différencient une évaluation globale de nos propres caractéristiques et une représentation de soi comme “entité à multiples facettes”.
En bref, tout en laissant place à une évaluation globale de nous-même, nous nous percevons souvent de façon multiple : on peut se percevoir brillant dans un domaine et pas du tout dans l’autre.
La composante comportementale du soi : présentation de soi
Dans de nombreuses situations de la vie, nous faisons des efforts pour gérer et contrôler l’image que nous donnons de nous.
Nous seuls possédons toutes l’information relative à soi. Il nous revient donc de décider quels aspects de ce dernier nous voulons partager.
Présentation de soi stratégique
On parle de présentation de soi stratégique quand celle-ci est fait dans un but, comme générer une impression bien précise chez autrui (un employeur, par exemple).
Au titre de ces stratégies, on retrouve les stratégies appelées "d’auto-handicap" consistant à préparer à l’avance des conditions qui servirons d’arguments en cas de moindre performances.
Il existe aussi la stratégie dite de “se couvrir de gloire”. Exemple : revendiquer une caractéristique commune que l’on partage avec quelqu’un de très connu, ou s’associer à une certaine équipe de foot quand elle gagne.
Présentation de soi authentique
Elle émane du besoin que nous avons de nous révéler sous notre jour le plus authentique, et de faire tomber le masque social. Elle a pour objectif de livrer aux autres une meilleure connaissance de nous-même en dévoilant de nous des aspects plus intimes et personnels.
A la lumière de ces éléments, nous voyons là comment le Soi détient une visée adaptative en fonction des contextes et de nos liens interpersonnels
Bibliographie :
Les différentes composantes du soi :
Martinot, 2002; 2008; 2013
Concept de soi : stabilité et malléabilité :
Markus & Kunda, 1986
Banaji & Prentice, 1994
Onorato & Turner, 2001
Différentes présentations de soi :
Salomon, Famose, Curry, 2005
Jones & Berglas, 1978
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