La thérapie des schémas
La thérapie des schémas : comprendre les schémas précoces inadaptés
La thérapie des schémas, développée par Jeffrey Young et ses collaborateurs dans les années 90, est une approche psychothérapeutique qui combine plusieurs techniques, principalement issues de la thérapie cognitive et comportementale. Elle s'adresse particulièrement aux personnes ayant l'impression de répéter des scénarios négatifs dans leur vie tels que des relations frustrantes, insatisfaisantes, voire maltraitantes, ainsi que des comportements qui les maintiennent dans la difficulté, les empêchant de vivre la vie qu'elles souhaitent.
Les événements à l'origine des Schémas Précoces Inadaptés (SPI)
Les schémas précoces inadaptés naissent des expériences nocives vécues pendant l'enfance. Les schémas les plus forts et les plus durables se forment généralement au sein de la famille, qui constitue pour l'enfant son premier modèle du monde extérieur. Lorsque ces schémas sont activés à l'âge adulte, les personnes revivent souvent des situations similaires à celles vécues dans leur enfance, impliquant parfois un parent ou un autre donneur de soins. L'environnement social élargi peut également renforcer ces schémas.
Jeffrey Young a identifié quatre types d’expériences précoces susceptibles de conduire à la formation de schémas inadaptés :
1. La frustration des besoins
Par exemple, la frustration des besoins essentiels comme la stabilité, la compréhension ou l’amour peut engendrer des schémas comme le manque affectif ou l'abandon-instabilité.
2. La traumatisation ou la victimisation
Un enfant victime de maltraitance ou de violences peut développer des schémas tels que la méfiance/abus, l’imperfection/honte, ou encore la peur du danger et de la maladie.
3. L’excès de satisfaction des besoins
Un schéma inadapté ne provient pas toujours d'une expérience traumatique ou d'une frustration de besoins. Parfois, il naît d’un excès de satisfactions qui auraient dû être plus modérées. Par exemple, les enfants surprotégés ou ceux ayant grandi avec des adultes anxieux pour leur sécurité et leur bien-être peuvent développer un schéma de dépendance/incompétence ou de droits personnels exagérés.
4. L’internalisation ou l’identification sélective
Lorsqu'un enfant est victime de violences de la part d'un parent, il peut s’identifier à ce parent, internaliser ses pensées, émotions et comportements. Ce processus peut conduire l’enfant à reproduire la violence, non seulement à l'égard des autres dans une moindre mesure mais plus souvent envers lui-même. Cette violence retournée contre soi peut se manifester par un dialogue intérieur brutal et auto-critique, comme par exemple : « Tu es vraiment un(e) idiot(e) ». Ces pensées peuvent être si automatiques qu’elles échappent à la prise de conscience, comme un flot d’eau continu qui ne cesse de couler.
La violence subie par un enfant n'est pas toujours intentionnelle de la part des parents ou des tuteurs. Elle peut se transmettre de génération en génération, les générations suivantes ayant elles-mêmes été exposées à la violence sans avoir acquis les compétences nécessaires en termes de régulation émotionnelle ou de gestion des relations interpersonnelles.
Comprendre l'apprentissage et la transmission intergénérationnelle des schémas
Un phénomène clé dans la transmission des schémas est l’apprentissage social : nous apprenons non seulement par l'expérience directe, mais aussi par l’observation des autres. En observant un modèle (qu’il soit un parent, un enseignant, un pair ou même une célébrité), nous assimilons ses comportements et comprenons les conséquences qui en découlent, comme les récompenses ou les punitions. Cela nous aide à anticiper les résultats de nos propres actions.
Par exemple, si un enfant voit que son parent s’est sacrifié pour lui et que cet acte a renforcé l'amour qu'il reçoit, il peut internaliser l'idée qu'il faut se sacrifier pour mériter l'amour, renforçant ainsi un schéma d’abnégation.
Qu'entendons-nous par "schéma précoce inadapté" ?
Un schéma est dit "précoce" car il se forme durant l'enfance ou l'adolescence. Il est qualifié d'inadapté" parce qu’il a un impact destructeur et nocif sur la personne tout au long de sa vie. Selon Jeffrey Young, un schéma se compose d’un mélange complexe de pensées, de croyances, de perceptions de soi et du monde, de sensations corporelles et de souvenirs, tous liés à un thème spécifique. En tout, il existe 18 thèmes de schémas, que nous détaillerons ci-dessous.
Il est utile d’imaginer un schéma comme un filtre de perception : un cadre à travers lequel nous interprétons les informations et résolvons les problèmes. Ce filtre oriente nos actions, nous aide à donner du sens aux événements que nous vivons, et sert aussi à anticiper l’avenir.
Prenons un exemple : une personne ayant développé un schéma d'abandon pourrait penser qu'elle sera toujours abandonnée, même dans des relations amoureuses qui n'ont pas encore eu lieu. Pour cette personne, le schéma guide son interprétation de la réalité et de ses expériences, même avant qu’elles ne se produisent. Il y a comme un fatalisme.
Ce qui est important à comprendre, c’est qu’un schéma, bien qu'il se forme dans l’enfance ou l’adolescence, continue de s'enrichir au fil de la vie. Chaque nouvelle expérience est interprétée comme une "preuve" qui vient confirmer ce schéma, renforçant ainsi sa persistance.
L'adaptation aux schémas : des réponses inadaptées et automatiques
Face à ces schémas, nous allons naturellement développer des réponses comportementales et émotionnelles pour nous adapter. Ces réponses sont souvent inadaptées au sens où elles aggravent notre état et la situation. Cela arrive parce que, dès le plus jeune âge, on n’a pas appris à réagir autrement.
Ces modes d’adaptation, appelés "modes d’adaptation aux schémas" sont des stratégies que l’on met en place pour essayer de gérer la souffrance ou l’angoisse générée par les schémas. Cependant, ces stratégies ne font souvent qu’entretenir le cycle de souffrance et d'incompréhension. Parfois, ces réponses peuvent paraître contradictoires ou multiples. En fonction des situations et des contextes, une personne peut expérimenter différents états émotionnels qui donnent l'impression d'avoir plusieurs "facettes" d'elle-même, ou plusieurs "moi". Ce phénomène est fréquent chez les personnes dont les schémas sont profondément enracinés et activés.
Les schémas se battent pour survivre : certains facteurs les maintiennent
En thérapie des schémas, nous ne nous contentons pas d'examiner les éléments de l'enfance et de l'adolescence qui ont favorisé l'émergence de schémas précoces inadaptés, mais nous nous intéressons également à tous les mécanismes qui, au fil du temps, ont permis à ces schémas de persister. Comme vous le découvrirez, les schémas luttent pour survivre : bien qu'ils génèrent des comportements et des émotions qui vous causent de la souffrance, ils offrent un sentiment de stabilité et de maîtrise des événements, à travers des scénarios répétitifs.
Bien sûr, ces schémas entraînent du chaos, mais un chaos stable, un chaos auquel les personnes peuvent s'accrocher. Elles finissent par se dire : "Je savais que ça allait se terminer ainsi !" Ce sentiment de prévisibilité, bien que négatif, procure une illusion de contrôle, un sentiment que, finalement, "j'avais raison". Et c'est ainsi que le schéma prend encore plus de force.
De manière paradoxale, ce schéma, ainsi que les réponses qui en découlent, sont en réalité des tentatives maladroites de réduire la souffrance. Vous ne persistez pas dans ces comportements parce que vous cherchez à souffrir, mais parce que vous n'avez pas appris à faire autrement, pour des raisons multiples. Par exemple, un apprentissage précoce où la violence interpersonnelle faisait partie intégrante de la relation amoureuse, conduisant à une banalisation de la violence.
C’est précisément ce qui rend la thérapie des schémas si intéressante : l'un de ses objectifs essentiels est de vous aider à développer des réponses comportementales, émotionnelles et cognitives plus adaptées. Ce processus s’appelle l’apprentissage de nouvelles habiletés psychosociales, des compétences qui vous permettront de briser les schémas destructeurs et d’instaurer de nouvelles façons plus saines de répondre aux défis de la vie.
18 schémas répertoriés :
1) le schéma d'abandon et de l'instabilité relationnelle
2) le schéma de la méfiance et de l'abus
3) le schéma du manque affectif
4) le schéma du sentiment d'imperfection et de la honte
5) le schéma de l'isolement/exclusion social
6) le schéma de dépendance/sentiment d'incompétences
7) le schéma de la peur du danger et de la maladie
8) le schéma de fusion et d'atrophie de la personnalité
9) le schéma de sentiment d'échec
10) le schéma de droits personnels exagérés et de sentiments de grandeur de soi
11) le schéma de contrôle de soi at d'auto-discipline insuffisants
12) le schéma d'assujettissement à autrui
13) le schéma d'abnégation de soi
14) le schéma de recherche d'approbation et de reconnaissance
15) le schéma de négativité et de pessimisme
16) le schéma de surcontrôle émotionnel
17) le schéma d'idéaux exigeants et de critique excessive
18) le schéma de punition
3 façon de s'adapter aux schémas
* Nous pouvons avoir recours à tous ces styles d'adaptation en fonction des périodes de la vie et même des situations.
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La soumission aux schémas
La soumission est un style d'adaptation au schéma qui représente une absence de solution, un état d'impuissance amenant les personnes à s'y soumettre. Elles lui succombent. Elles n'essaient ni de l'éviter ni de le combattre. Leur façon d'agir telle que la passivité confirme le schéma, en répétant involontairement des scénarios de vie dictés par celui-ci, si bien qu'en tant qu'adultes, elles revivent les expériences qui ont créé le schéma.
Par exemple, une personne ayant un schéma d'imperfection et de honte peut agir d'une manière excessivement inhibée et timide face à toute personne pouvait faire figure d'autorité ou perçue comme supérieure à soi (tel qu'un employeur ou un-e collègue plus âgé que soi), renforçant ainsi son sentiment d'infériorité.
A l'âge adulte, les personnes peuvent aussi rencontrer des personne activatrices de schémas, c'est-à-dire des personnes susceptibles de les traiter comme les personnes censées répondre à leurs besoins les ont offensées, négligées, maltraitées. Elles peuvent par exemple négliger totalement leurs besoins et se laissent dominer et diriger. Elles peuvent être dans l'abnégation et l'assujettissement afin de ménager la relation, éviter les conflits et de ne pas prendre le risque de ressentir la douleur de l'abandon.
Ayant eu des donneurs de soins les ayant négligées et maltraitées, elles ont, dès le plus jeune âge, fait l'apprentissage que la violence faisait partie de la relation d'amour/d'attachement. La violences est banalisée et normalisée. Mettre des limites devient donc très difficile à l'âge adulte car elles n'ont tout simplement pas appris à situer où mettre le curseur à partir duquel elles doivent s'affirmer et refuser la maltraitance et la négligence. Parfois, elles ont grandi au sein d'un couple parental où l'un des deux partenaires était maltraité par l'autre, ce qui ne les a pas aidé à développer un modèle d'identification sain et les codes/habilités sociales permettant de se protéger.
L'importance de différencier
la soumission aux schémas
et les situations de dominations conjugales
Parfois, ce qui semble être une stratégie de soumission à un schéma peut en réalité masquer des situations de violences conjugales, se confondant avec un processus de contrôle coercitif dont la personne qui consulte est victime. Dans ces situations, ce qui apparaît comme une passivité ou une soumission au schéma n’est en fait que le reflet d’une domination conjugale.
Cette domination peut revêtir plusieurs formes, notamment celle de la violence psychologique, qui est souvent difficile à repérer. Dans le cadre de ce contrôle coercitif, la violence psychologique prend une forme manipulatrice.
L’abuseur instille chez la victime un sentiment de confusion, la dévalorise et l’inonde de responsabilités excessives, la rendant coupable de situations qu'elle ne contrôle pas (Prigent, 2021).
L’une des formes les plus insidieuses de violence psychologique est le gaslighting, ou manipulation mentale.
Ce phénomène, aussi appelé "embrumage mental" ou "détournement cognitif", est un abus émotionnel et psychologique qui amène un partenaire à douter de sa propre mémoire, de sa perception de la réalité, voire de son état mental.
L'abuseur manipule les informations à son avantage et culpabilise la victime avec des phrases telles que "Tu es trop sensible" ou "Tu dramatises tout". L’objectif est d’inverser les rôles de victime et d’agresseur, retournant ainsi la charge de responsabilité (Sweet, 2019).
Le contrôle coercitif dans une relation intime repose sur un enchevêtrement de tactiques, telles que l'isolement, l’intimidation, la violence, la privation de ressources et de droits, la confusion mentale, la sur-responsabilisation de la victime, et la réduction de son espace d’action. Ces dynamiques visent à affaiblir progressivement l’autonomie de la victime, en la maintenant dans une position de soumission et de dépendance (Stark, 2007 ; Prigent & Sueur, 2024).
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L'évitement des schémas
Les personnes utilisant l'évitement comme style d'adaptation au schéma tenter d'arranger leur vie de façon à ne jamais activer le schéma. Elles essayent de vivre sans avoir conscience du schéma, comme si celui-ci n'existait pas, elles évitent d'y penser. Elles ont comme trouvé une solution à leur mal-être en évitant de s'y confronter et, cours de leur vie, découvert différents moyens de les repousser lorsque les émotions, les sensations, les souvenirs et les craintes reviennent à la surface. Elles peuvent tenter de s'auto-tranquilliser, s'anesthésier...en consommant des substances psycho-actives telles que l'alcool, en mangeant de façon compulsive, en ayant des conduites à risques (sexuelles, achat compulsifs, pratique de sport extrême ou de façon intensive), ou en devenant des bourreaux du travail. Elles peuvent éviter les situations qui activent le schéma, telles que les relations intimes. Malheureusement, elles évitent aussi des secteurs entiers de la vie dans lesquels elles se sentent vulnérables.
L'évitement peut donc s'effectuer par le retrait comportementale et social (se livrer à des activités solitaires, télévisions, scrolling...). L'évitement peut aussi être psychologique en bloquant les pensées et les images mentales susceptibles d'activer le schéma (évitement cognitif). C'est aussi chercher constamment à se distraire. La personne peut finir par se détacher de ses émotions et se sert de son imagination pour s'évader de sa réalité vers un monde idéalisé. Elle sait se dissocier.
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La compensation des schémas
Lorsque les personnes compensent, elles combattent leur schéma par des pensées, des émotions, des comportements et des styles relationnelles qui correspondent à l'opposé du schéma. Par exemple, si elles étaient maltraitées, elles maltraitent les autres. Face à leur schéma, elles contra-attaquent. En surface, elles paraissent avoir confiance en elles mais au fond d'eux-mêmes elles ressentent le poids du schéma qui menace d'agir. Bien qu'il soit sain pour des personnes assujetties d'exercer davantage de contrôle dans leur vie, les personnes qui compensent deviennent souvent contrôleuses et dominantes à excès et finissent par produire davantage de conflit interpersonnel. En effet, la compensation peut les isoler et les rendre finalement malheureuses. Elles continuent à compenser sans se préoccuper des autres et perdre la capacité à avoir des relations intimes. Pour celles qui s'en préoccupent sans pour autant l'exprimer à la personne qui en est la cible (par peur souvent de paraître "faible" et donc de se rendre vulnérable ), elles ressentent une certaine culpabilité tout en étant dans l'impossibilité de baisser la garde, ce qui alimente le sentiment de ne pas se comprendre soi-même.
Lorsqu'elles ressentent des déconvenues particulièrement fortes, leur capacité de compensation peut s'effondrer et les amener à décompenser par un état dépressif. En effet, quand la compensation échoue, les schémas sous-jacents réaffirment leur autorité avec une force émotionnelle colossale.
Qu'entendons-nous par "besoins fondamentaux" ?
Il a fallut attendre le XXème pour que l'on considère que les besoins des tous petits allaient bien au-delà des besoins physiques nécessaires à leur survie (manger, boire, dormir, être soigné...). Pour assurer leur bon développement physique, neuro-développemental, psychoaffectif et social, les enfants ont également besoin d'établir des relations d'attachement auprès de donneurs de soins/adultes de confiance stables, constants, disponibles et à travers lesquels ils vont pouvoir se sentir en sécurité, respectés, aimés, réconfortés, acceptés inconditionnellement, compris, stimulés, guidés. Ces besoins sont considérés comme fondamentaux car leur satisfaction permet la construction du petit humain dans la plénitude de ses potentialités, du respect de ses droits et au service de son développement et de son accès à l’autonomie et à la socialisation.
Ce changement de paradigme largement étayé par la psychologie, la pédopsychiatrie, les neurosciences et la neurobiologie permet également de ne plus considérer les enfants comme une simple extension des adultes mais bien comme des êtres à part entière ayant des besoins spécifiques, mais également des droits légaux qui doivent être respectés.
Bien que les besoins soient interdépendants les uns avec les autres, la démarche de consensus scientifique autour des besoins de l'enfant fait du besoin de sécurité et d'attachement le méta-besoin. C'est-à-dire que c'est à partir de la satisfaction de ce besoin que les autres pourront vraiment l'être.
1) Le besoin de sécurité et d'attachement :
Tout d'abord, pourquoi parler de besoin de sécurité et d'attachement et non pas de besoin d'amour ?
Car les donneurs de soins peuvent aimer leur enfant, à leur manière, sans pour autant lui fournir le sentiment de sécurité et de continuité relationnelle sécurisante indispensables au bon déroulement de son développement neurologique, cognitif, émotionnel et social.
En d'autres termes, il s'agit pour l'enfant de se sentir en sécurité à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de lui, en établissant des relations affectives stables avec des personnes de son entourage immédiat, étant disposées à lui porter attention et à être psychologiquement disponibles.
Ce qui implique, pour les adultes en charge de s'en occuper :
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d'assurer ses besoins physiologiques et de santé (tels que la faim, la soif, la propreté, l'accès au soin, la protection contre le froid, ect.)
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d'assurer la protection de son intégrité physique et psychique (protection contre les violences interpersonnelles extra et intra familiales telles que les violences sexuelles, les violences physiques, verbales, psychologiques, émotionnelles…).
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d'assurer ses besoins affectifs et d'attachement à travers l'aptitude à s'investir dans la vie de l'enfant, à assurer une présence stable et constante, chaleureuse et bienveillante.
On comprend par là que le besoin de sécurité est dépendant des compétences parentales des donneurs de soins, censés pouvoir :
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entendre et capter les différents signaux de l'enfant
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comprendre ses besoins et apaiser ses tensions
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lui apporter des réponses adaptées et qui respectent son niveau de développement.
Il ne s'agit pas ici de stigmatiser les familles, mais bien d'effectuer un travail de psycho-éducation et de prévention dans l'intérêt supérieur de l'enfant.
Il incombe par ailleurs de rappeler la nécessité d'un partage de responsabilité entre les personnes ayant l'autorité parentale ET l'institution censée aussi garantir le respect des besoins fondamentaux des enfants et de leurs droits (service public, éducation nationale, justice, aide sociale à l'enfance...). Il s'agit par là de lutter contre les inégalités sociales, investir dans la formation des professionnels au repérage de la dépression post-partum, au repérage des violences intra et extra familiales et à l'impératif de protéger et soutenir le parent protecteur.
Le besoin de sécurité et d'attachement est nécessaire tout au long de la vie.
2) Le besoin de valorisation et de sens de l’identité :
Il s'agit de permettre à l'enfant d'être identifié et de s'identifier comme un être unique et l'assurer dans son sentiment d'appartenance. Il s'agit de l'aider à développer une conscience de lui-même en tant que sujet individuel et pluridimensionnel.
3) Le besoin d’acceptation inconditionnelle, d'estime et de valorisation de soi :
Afin de développer une bonne estime de lui-même ainsi qu'une confiance en lui et en les autres, l'enfant a besoin de se sentir aimé de façon inconditionnelle, ce qui implique de se sentir aimé même s'il sens qu'il a contrarié ses parents/donneurs de sois, s'il ne répond pas aux désirs des adultes, s'il n'a pas fait ce qu'on lui a demandé, si ses performances académiques ont diminuées, si sa chambre n'est pas rangée, s'il est en colère... Il s'agit de lui permettre d'internaliser le sentiment que même si la relation avec les parents peut être conflictuelle, l'attachement que les parents lui portent se sera jamais remis en question. La relation et le sentiment d'être aimé résistent à tout et ne sont jamais remis en question.
En écoutant l'enfant et en l'incitant à dire ce qu'il pense ce qu'il ressent, ce qu'il a envie de faire, les donneurs de soins amènent le petit humain à se connaître en développant chez lui le droit de s'exprimer et de se faire respecter.
4) Le besoin de spontanéité, de jeu, d'expérience et d'exploration :
Il s'agit de permettre à l'enfant de développer ses compétences et habilités en lui permettant des expériences corporelles ludiques et créatives, expressives, cognitives et réflexives.
A travers une attitude sereine face à la nouveauté, les donneurs de soins donnent à l'enfant l'assurance qu'il peut progressivement explorer son environnement sans risque. Avec les années, l'enfant acquiert la conviction qu'il est capable de faire de plus en plus de choses en l'absence de ses donneurs de soins. Il développe une image positive de lui-même, explore ses compétences, et construit la croyance en sa capacité à réaliser des tâches seul, avec la conviction que s'il a besoin d'aide, d'autres pourront être là.
5) Le besoin de limites et d'auto-régulation :
L’enfant a besoin d’un cadre, c'est-à-dire d'une guidance constante, de limites et d'interdictions clairement énoncées, sans manipulation émotionnelle ni dictature de la force ou d'intimidation. Il s'agit d'apporter à l'enfant de la régularité, des routines, de la prévisibilité qui permettront à l'enfant de construire un sentiment de maîtrise, de régulation des émotions et du comportement.
Progressivement, les donneurs de soins vont installer dans l'univers cognitif de l'enfant la notion de règles, de loi, de respect de soi et des autres. Instaurer des limites passent par une affirmation personnelle des parents qui expriment leurs besoins et valeurs et redirigent le comportement de l’enfant sans violence (ce qui implique qu'ils aient eux-mêmes des capacités de régulations émotionnelles et de gestion de la frustration saines).
Bibliographie
- Observatoire national de la protection de l'enfance. Les besoins fondamantaux de l'enfant, 2016.
- Pascal, B. (2018). La thérapie des schémas: principes et outils pratiques. Elsevier Health Sciences.
- Pierre-Guillaume Prigent, Gwénola Sueur. Les limites à l'incrimination du « contrôle coercitif ». État des lieux et perspectives. Des savoirs criminologiques aux pratiques professionnelles, Association Française de Criminologie, Jan 2024, Paris, France.
- Sweet, P. L. (2019). The Sociology of Gaslighting. American Sociological Review, 84(5), 851-875. https://doi.org/10.1177/0003122419874843
- Young, J. E., Klosko, J. S., & Weishaar, M. E. (2005). La thérapie des schémas: approche cognitive des troubles de la personnalité Bruxelles: De Boeck.